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Le Voyage sans Fin...
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29 août 2013

Tailler la route

Ce texte est un jeu. Déjà parce que je me suis beaucoup amusée à l’écrire, et que vous, chers lecteurs, pouvez participer.
Je l’ai écrit en utilisant les vers d’une chanson
(tous !) que j’aime beaucoup, et collait bien avec l’esprit de cette aventure. A vous de les découvrir au fil des phrases (dans le désordre, sinon c’est trop facile). Et le premier à me citer (par téléphone, mail, FB ou commentaire) le refrain de cette chanson (non utilisé dans le texte) gagne… une douceur bretonne !

 

Ce voyage en Bretagne est le fruit d’une rencontre et le tournant d’un chemin.

Car depuis quelques temps, je la sens, cette envie pressante. Celle qui vous prend les jambes et vous emmène. Plus ou moins loin. Il est vrai que ce frémissement n’est jamais qu’à quelques pas de l’ébullition et qu’il suffit de peu d’élan pour que je me lance dans l’aventure. Mais cette fois je l’entends comme un son nouveau, un frisson courir sur ma peau.
Un minimum de préparation, un sac à dos, de bonnes chaussures, un billet de train et quelques bonnes adresses. L’itinéraire : le Finistère Sud par le sentier des douaniers (GR 34), une boucle à partir de Quimper, de Douarnenez à Loctudy. Et roule ! … enfin marche plutôt !

 

carte pointillés

Au rythme d’un tout petit 3 km/h qui invite à la passion, la côte de Douarnenez à la Pointe du Raz est sublime. Sauvage, elle se laisse difficilement approcher. L’eau turquoise s’offre au regard… mais pas aux pieds (qui en auraient pourtant bien besoin). Les goélands se moquent de nous. Tel Icare, je rêve que me poussent des ailes dans le dos. Mais sur le dos seul s’accroche et pèse le sac à dos (environ 14 kg). Mais bousculant les fatigues, je suis surprise par l’endurance de l’être. Chaque jour il devient plus fort. Dans chaque partie de mon corps, le désir d’aller plus loin pousse mon âme vers l’avant. Mon genou droit l’a beaucoup moins bien vécu que le reste d’ailleurs. Sourdement, la douleur s’étend tout au long de ce chemin sinueux, qui monte et qui descend continuellement. Ca cogne là-dedans ! Mais je ne réponds pas à cette basse trahison de la rotule !

 

côte Douarnenez-Pointe du Raz light

P1030650 light

P1030658 light

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P1030661 light

[ça c'est pour faire baver ceux qui disent qu'il pleut toujours en Bretagne... même si la ligne suivante s'annonce humide]

 

Et de loin en loin, le bout du monde se rapproche. Après une douche tombée sans avertissement au niveau de la baie des Trépassés (il fallait bien que ça arrive après 4 jours radieux), on avance vers cette pointe inhospitalière. Sur ce rocher balayé par les vents, je me déroule les tripes tellement c’est beau. L’écho de la haute mer me revient. On a beau savoir que l’on peut naviguer sur l’océan, les hommes sont quand même fous d’en avoir eu l’idée. Mais la curiosité de l’Humain est peut-être sa plus grande qualité. Celle qui lui permet d’aller à la rencontre de l’autre, et de lui-même. Celle qui, pas à pas, accompagne les fous battements de mon cœur.

pointe du van lightPointe du Van

20130720_172200 lightPointe du Raz

 

Comme l’escargot, avec sa maison sur son dos, la grande expérience de ce voyage sera l’itinérance. Notre quotidien : marcher 15 à 20 km par jour, boire, manger (des choses étranges parfois) et dormir (dans une tente minuscule mais bien confortable). Alors que sorties du tempo de la cadence urbaine et quotidienne, ces plaisirs simple de l’existence, voire primaires, se laissent d’autant plus apprécier quand ils ne sont pas acquis. Sans limite, je défends ce style de vacances, je vous chante cette musique, cette rupture nécessaire à l’équilibre, ce retour aux sources, cette évasion. Une illusion aussi, qui me promet monts et merveilles, car je suis bien consciente qu’il faut vivre au sein d’une société régie par d’autres lois, d’autres besoins, d’autres instincts. Mais on relativise beaucoup de choses malgré tout.

Quand une marée de triple croches, l’orage et son contingent d’éclairs, de tonnerre et de pluie, s’abat sur notre toile de tente, l’abri chétif se transforme en forteresse. Il bouscule mon sommeil, mais j’aime quand la nature nous remet à notre place et déploie sa force (enfin, tant que ça ne cause pas de morts bien sûr). Et lorsqu’au matin le ciel est apaisé, le soleil montre sa clémence, comme chaque jour, il me ramène la vie.

 

festin lightUn véritable festin de fruits secs!

 

sèche linge lightLe sèche-linge

P1040017 lightLa tente camouflage (saurez-vous la trouver? ... suivez le linge qui sèche)

 

Après 5 jours de marche, une pause douceur s’impose : nous voguons vers l’Ile de Sein. Sur cette terre serpentant au milieu des eaux, et donnant dans sa propre mesure (2 km de long, point culminant à 9 mètres), nous offrons à notre corps, une pause bien méritée. Après l’ascension du phare et ses 250 marches (tout de même) du haut duquel nous apercevons des dauphins, la lecture au bord de l’eau, bruit des vagues et soleil caressant, est l’activité la plus romanesque du monde. Le restaurant de poissons est également le summum du luxe culinaire des vacances !

 

 A l'attaque lightEt un autre festin dans un restaurant de poissons sur l'Ile de Sein

ile de sein lightImage de carte postale

ile de sein 2 lightLe phare!

ile de sein 3 lightMarée basse

Les jours se succèdent et le paysage continue à se déployer sous nos yeux jamais las. Dans le sens de marche que nous avons choisi, les chemins s’attendrissent, cicatrisant toutes les blessures (le genou droit préfère nettement les terrains plats). C’est comme si toutes ces heures de marche étaient une épreuve imposée par le paysage. Passée la souffrance, nous pouvons poursuivre notre route dans la douceur des vallons et la volupté des vagues. Parce que les pauses baignades sont fréquentes. Les plages bretonnes, en ce mois de juillet 2013 offrent aux estivants des eaux calmes, chaudes et translucides. On se croirait aux Seychelles !

plage 1 light

plage 1 light

coucher de soleil

 

Ce périple aura été marqué par des rencontres : simples, inattendues, agréables et toujours bienveillantes.  Tout a commencé à Quimper chez un couple de coachsurfers qui nous ont accueilli sur leur canapé, nous ont préparé le dîner et le petit déj comme si nous étions amis. Ce système basé sur la confiance et la réciprocité devrait régir le monde (oui je sais, je crois encore au monde des Bisounours… mais apparemment je ne suis pas la seule Bisounours de ce bas monde, alors tout espoir n’est pas perdu !). Nous les avons revu à la fin de notre périple pour le festival de Cornouailles. Une journée un peu folklorique et un fest noz très bon enfant, même si ça fait mal au petit doigt.

Nous avons également, un jour de grande soif et d’étape interminable, pénétré à l’arrière d’une maison (avec pancarte « propriété privée, défense d’entrer) pour demander un peu d’eau. Et le monsieur, seul dans sa grande maison accrochée à la falaise, a eu la gentillesse de nous offrir quelques litres d’eau minérale, sans même paraître fâché ou étonné de notre présence à sa fenêtre.

Un collègue à qui j’avais raconté mon projet de vacances avant de partir m’a également proposé de passer planter notre tente sur son terrain à Loctudy. Nous avons partagé des maquereaux grillés au feu de bois et de jolis moments familiaux.

maquereaux grillés light

C’est également chez lui que nous avons rencontré des amis vivant à Quimper, et nous proposant, dès les premières minutes de discussion, de passer chez eux planter notre tipi dans leur magnifique jardin (qu’on avait peur de faire des trous dans leur pelouse) à Quimper. Ca a été l’occasion de longues discussions sur les traditions bretonnes toujours aussi vivantes et tournées vers la modernité, de rencontrer un perroquet nommé Tango, et de quelques morceaux d’accordéon bien sympas !

tango lightManque plus que le cache-oeil et la jambe de bois (ah non ça j'avais déjà!)

La plus anecdotique de ces rencontres a été celle avec Fred, quand on s’est retrouvé sans camping et sans plan B un soir près de Tréméoc (dans les terres, à des kilomètres de notre point de départ ou de notre prochaine étape). Celui-ci, tout bourré qu’il était, nous a proposé son jardin (et sa propre tente), une douche (malgré l’indignation de sa copine), une bière, et c’était bien sympa… quoiqu’un peu sous tension.

20130728_073739 lightUn joli jardin breton décoré... de boules à facettes!

En tout cas je tiens à remercier toutes ces personnes pour leur hospitalité et ces moments authentiques que nous avons partagés.

Merci aussi à Axelle pour cette idée merveilleuse de tailler la route, pour sa bonne humeur et sa fraîcheur. On remet ça quand tu veux ma cocotte, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus marcher après nos 103 ans !

20130723_215253 light

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Commentaires
A
Sindy, tu es géniale, merci aussi pour ton immense gentillesse, ta douceur, ta très bonne humeur (avec pourtant un méchant genou qui t'embêtait), nos fous rires, et pour avoir eu envie de me suivre ds cette aventure ! Merci pour ce beau récit, pour l'avoir pensé et écrit et merci aux gens qu'on a rencontré, découvert et qui nous ont fait partager leur région. A très vite pour de nouvelles aventures :))
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